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10 octobre 2010

Le design humble

Le plus grand chef-d'œuvre de design est sans aucun doute l’être vivant. Non seulement la complexité d’un organisme vivant est ahurissante, mais l’équilibre pour y maintenir la vie tient de la magie. En fait, il y a autant d’inconnus dans le mystère de la vie que dans les facteurs qui soutiennent la vie.

Cet équilibre, entre les organes ou les cellules sont autant de relations symbiotiques toutes aussi complexes les unes que les autres. L’interdépendance est aussi vraie pour les relations entre les organes internes – la structure, l’enveloppe, le système de circulation des fluides, les filtres ou les systèmes de défense, etc… – que pour les relations entre les éléments extérieurs – le climat, la nourriture et l’eau ou les autres organismes vivants.

En fait, je crois que non seulement la science ne parviendra jamais à expliquer la vie, mais qu’elle s’éloigne de plus en plus d’une chance d’y arriver. La science tend à produire d'avantage de spécialistes chaque année. Ces spécialistes connaissent à fond leur sujet; l’oncologie, le système lymphatique, ou la thyroïde. Ils maîtrisent parfaitement les détails de leur sujet, mais non pas de vue générale – même que le général (comme en médecine) est mal considéré – et peuvent difficilement saisir l’interdépendance réelle. Il n’est pas rare qu’un diagnostique soit erroné parce qu’on ne tient pas compte de tous les facteurs – nous ne les connaissons souvent même pas tous.
Je pense qu’il faut commencer à regarder par l’autre bout de la lorgnette pour avoir une vue d’ensemble. Il faut éviter de sauter aux conclusions trop rapidement. L’erreur la plus commune est de penser qu’on sait. Et tous les professionnels ont été « formés » pour penser qu’ils savent.

Pour faire un bon travail de design (ou n’importe quoi qui nécessite une phase d’observation), je crois qu’il faut commencer par taire notre intellect et notre lobe cérébral gauche. C’est lui qui « sait tout ». Avez-vous déjà remarqué que dans une phase d’observation nous avons tendance à tout nommer mentalement les choses que nous connaissons. Par exemple lorsque nous sommes assis dans un jardin notre intellect se manifeste :

« Oh, les tomates vont bientôt sortir, les étamines de cette fleur sont vraiment jaune ça doit être ça qui attire les abeilles, et les bégonias ont besoin d’eau, je pense que je devrai ajouter du 20-20-20… ».

En laissant notre intellect prendre le contrôle, non seulement notre appréciation de la scène se trouve diminuée, mais plein de détails échappent à notre observation. Notre intellect est mu par notre égo qui prend plaisirs à nommer tout ce qu’il connait, ainsi tout ce qu’il ne peut pas nommer a soudainement très peu d’importance (tests d’observation à l’appui). Ou bien une chose connue devient une chose banale; « ah oui, je connais ça » et l’objet est tout de suite ignoré.

La prochaine fois que vous voyez un papillon passer, essayez de ne pas vous écrier : « Ah regarde c’est un monarque! » et aller observer comment c’est beau un banal petit monarque. Et qui sait, peut-être que vous découvrirez que ce papillon s’appelle Gaston et qu’il enlève ses six petites bottes avant de s’abreuver d’une fleur!

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Parfois il faut prendre la vie pour ce qu'elle est, une transition.